Gueule Cassée n°146
Gueule Cassée n°146
Technique : Unimage-Uncollage
Dimension : 19 x 25 cm
Collection privée
Près de 15 % des blessés de 14-18 l’ont été au visage. Les brancardiers ne voient que le « trou sanglant ».
À quoi bon relever ces morts-vivants ? Ils sont morts et bien morts puisqu’ils n’ont plus figure humaine. Pourquoi sauver ces débris purulents ? Il y a un tri à effectuer sur le champ de bataille, des priorités – imposées par l’absence de trêves – à apprécier sous le canon.
Ils « choisissent » donc celui qui n’a plus de jambes, là, plutôt que le misérable à côté qui perd son maxillaire et n’a même plus d’yeux pour pleurer.
On ramasse les gueules cassées en dernier, irrécupérables au jugé, ils sont condamnés. Puis voilà qu’on s’aperçoit qu’il est peut-être possible de les sauver – évacués sur des brouettes et incapables de retenir leur salive, ils sont baptisés « les baveux ».
Réhabilités en même temps qu’acheminés dans les centres de soins, ils deviennent très vite les témoins les plus « parlants » de l’atrocité de la guerre dans la France affligée et, plus tard, le moteur de la solidarité nationale.
- La construction des Gueules cassées